«Dronningruta» à Øksnes

Par Anne Margrete Torseter

Ce trajet de montagne a été marquée avec un T par l’associasion de randonné en 1992. Il commence et finit à Stø et forme un circuit le long des rochers. Sur le chemin, les randonneurs rencontreront une piste latérale marquée T qui descend jusqu’à Nyksund.

Stø est un village de pêche actif sur la pointe nord de « Langøya », la troisième plus grande île de Norvège, et appartient à la municipalité d’Øksnes dans les Vesterålen.

Le trajet principal est de 15 km, et normalement on doit prévoir une durée de six heures pour le parcourir. Cette durée comprend des pauses alimentaires et d’autres arrêts juste pour profiter des vues fabuleuses. En raison de son emplacement sur « Langøya, » vous avez toujours beaucoup de vue sur l’océan, même à la montagne. En bas dans la vallée, on voit les étincellements des eaux de pêche.

Le point de départ naturel est à la fin de la route à Stø, où vous trouverez un parking et des panneaux indiquant « Dronningruta ». De là, vous passez une heure au bord de la mer, ce qui donne aux promeneurs l’opportunité de s’échauffer dans un terrain assez plat. En cours de route, vous passerez devant une plage de sable idyllique, des maisons datant de l’époque viking, une impressionnante plage de galets et une petite cabane (construite par des volontiers en 2012). À la dernière partie de cette étape, 20 mètres ont été aménagés en 2007, la circulation toujours croissante ayant rendu la piste encore plus boueuse.

 

Photo: Halvard Kr. Toften

Photo: Halvard Kr. Toften

Juste avant que le trajet atteigne les montagnes, vous longez une moraine belle et distinctive, avec la mer en bas à droite et un lac de pêche juste à gauche. C’est l’entré de « Langvaddalen », où il y a des cabines privées. Le ruisseau qui sort de l’eau est facile à traverser sur les rochers. Il faudrait noter que d’ici il n’y a plus d’eau courante à trouver.

Du fond de la vallée jusqu’au col de montagne, l’itinéraire a été tracé obliquement à travers le seul tronçon de forêt. Au col il y a un changement de piste. De là, la piste latérale mentionnée descend à « Nyksunddalen ». Il y a quelques années, l’association de randonnée a marqué une nouvelle piste allant du col à la vallée car la circulation énorme avait eu pour résultat une grande usure du paysage. Cette piste se termine à la route juste avant Nyksund, et c’est tout à fait possible de commencer le trajet ici. Il y a aussi un panneau indiquant « Dronningruta », et il y a un petit parking. Du col, vous pouvez calculer environ une demi-heure jusqu’à la route.

Pour le randonneur qui se trouve au col et veut continuer le trajet principale, l’itinéraire remonte maintenant la montagne jusqu’à une large lande facile à traverser : « Sløykmarkheia » (également appelé « Nyksundheia »). La distance entre le col et la lande est la plus abrupte. Ici il faudra grimper un peu sur une piste rocailleuse avec une vue sur les deux vallées. Tant de gens marchent ici que le sentier a – petit à petit – pénétré le terrain et créé de plus grandes différences d’hauteur si on le compare à l’origine. À mi-chemin vers le sommet, la route longe une vieille piste de moutons avec une vue sur la vallée de « Langvaddalen ». Ici le paysage est tellement abrupte qu’une corde a été fixée au tronçon le plus précaire.

Après « Sløykmarkheia » vous trouverez « Finngamheia », de grandes collines faciles à traverser toutes les deux. Le point culminant est à « Finngamheia » lui-même, 448 m d’hauteur. En d’autres termes, pas très haut au-dessus de la mer, mais il semble plus élevé grâce à la grande vue.

Puis, en descendant de « Finngamheia », vous traversez un col bas d’où vous pouvez regarder tout le « Langvaddalen », puis vous suivez le long de la pente de « Sørkulen » (517 mètres). Vous pouvez aussi bien traverser « Sørkulen » au lieu de suivre la piste balisée de la pente ! Maintenant, vous vous tournez vers le nord et traversez la montagne en allant en direction de la mer et de Stø. Sur le côté droit, vous avez une vue sur « Gavlfjorden » vers Andøya, sur d’autres vallées et sur des eaux de pêche. La chaîne de montagne comprenant « Kjølen », « Kjølheia » et « Gjuraheia », se présente en petites vagues en direction de Stø. La dernière descente suit l’ancienne voie de travail jusqu’à la station radar (construite en 1961) à « Valaksla ». À l’origine les gardiens devaient utiliser toute l’année ce sentier de montagne qui était à l’époque équipé de chaînes. Maintenant, la route est goudronnée et il y a un tunnel (achevé en 1993) traversant la montagne jusqu’à la station, qui a été automatisée. Vous atteignez la route de voiture à environ 200 mètres de votre point de départ.

Une partie de la piste balisée suit une ancienne route entre Stø et Nyksund. Jusqu’en 1939, les jeunes de Nyksund étaient en internat à Stø et ils ont évidemment utilisé cette route de manière régulière.

La piste à la montagne suivant de temps en temps les pistes des moutons, le randonneur devrait veiller à ce que le chemin soit marqué avec un T. Dans les montagnes, il y a beaucoup de pistes de mouton qui ne font pas partie de notre trajet.

La reine Sonja a suivi cette route de montagne pour la première fois en 1994, ce qui a donné le nom à la piste, un nom qui ne changera jamais.

Photo: Halvard Kr. Toften

Photo: Reidar Bertelsen, 2016.

Sentier du patrimoine culturel

Par Reidar Bertelsen, professeur d’archéologie

« Dronningruta » est l’un des sentiers de randonnée les plus utilisés dans les Vesterålen. La section de la route qui longe la côte de Stø à Nyksund et la partie élevée qui longe le dos de la montagne vous donnent une impression très forte de la rencontre entre la mer et la montagne. Quand il fait beau, elles vous donnent une vue sur l’océan ouvert et sur la partie du nord des Vesterålen. Je n’ai encore rencontré personne qui ne s’en soit pas enthousiasmé. En plus de l’impression de la nature sauvage, on est en contact étroit avec la richesse paradoxale causée par l’âge des montagnes et l’érosion ayant influencé le terrain pendant l’ère glaciaire. Les pouvoirs de la mer et du temps après l’ère glaciaire ont également laissé leurs traces. Cela est suffisant pour donner une expérience riche et inoubliable.

Le terrain offre en même temps d’autres impressions fortes pour les personnes observantes car le passé a laissé des traces. C’est surtout la partie nord du sentier le long de la côte, à partir de Stø à « Vargnesset » au sud de « Skipssanden », qui vous offre un paysage riche en patrimoine culturel. Personne n’a vécu ici après la peste, ce qui veut dire que la nature a eu à peu près 670 ans pour effacer les traces, qui ne sont par conséquent pas tellement claires. Bien qu’il fasse longtemps qu’il y a eu du monde ici, la longue période, que couvrent ces souvenirs culturels, est tout de même surprenante. Les maisons les plus anciennes peuvent dater de l’âge de pierre et il est probable qu’il y a eu du monde ici jusqu’au moyen âge, peut-être pendant 8-9000 ans.

Si vous montez de « Valen » au camping de Stø, vous trouverez une petite tombe en pierre sur une colline à environ 70 m à gauche de la piste juste après le départ. La tombe est un peu détériorée, mais vraisemblablement elle n’a pas été pillée, ce qui est souvent le cas avec les tombes de la période païenne. Il n’y a probablement rien à trouver dans cette tombe à cause de la pluie qui tombe et de l’air qui circule librement depuis 1000 ans ou plus. Il est impossible de dire si la tombe date de l’âge viking ou d’une ancienne ère de l’âge du fer, mais elle nous montre tout de même un trait distinctif de la religion préchrétienne du nord de la Norvège. Normalement les morts avaient une place avec une bonne vue et la tombe était visible de la mer avant qu’elle ne soit couverte d’herbe.

300 mètres plus bas, il y a des restes d’une ancienne maison, environ 3×2 m au-dessous du sentier, dans un terrain qui descend vers le nord-ouest, vers la mer. 150 mètres plus loin, vous pouvez voir un petit groupe de trois anciennes maisons à environ 80 mètres à l’ouest de la piste. Entre la première maison et les trois dernières, il y a un lieu de débarquement naturel dans une gorge, dont le nom est « Melkarstøa », probablement parce que les habitants de Stø venaient ici pour traire les vaches dans les pâturages. Cela explique en grande partie l’existence des quatre maisons. Un bateau de petite taille et navigué par un pêcheur habile pouvait facilement sortir à la mer et revenir en toute sécurité. L’emplacement des maisons nous donne une indication claire de ce dont les premiers habitants de ce paysage se nourrissaient. Ce que la mer a pu donner comme p.ex. les phoques, les baleines, les poissons et les oiseaux de mer représentait l’essentiel de la vie. Et il n’y a guère une côte ou une mer plus riche que celle-ci. En même temps, c’était si dur que peu de jours d’hiver permettraient aux pêcheurs de sortir en bateau. Aucune des restes des anciennes maisons n’a été explorée, nous devons donc deviner l’âge, et c’est en effet l’âge de pierre qui semble le plus probable.

Photo: Reidar Bertelsen, 2016.

Photo: May Britt Helgesen

Un peu plus loin, à « Skipssandhågen », d’où on peut admirer l’ensemble du « Skipssand », vous devez vous reposer un peu et prendre votre temps pour bien regarder le paysage. Du côté vers la terre ferme de la plage de sable fine, vous pouvez voir comment la mer a progressivement avancé dans le terrain. Le bord de la mer s’est déplacé loin vers la terre pendant mon temps ici. Les coulées de terre et les ruisseaux des eaux de fonte ont également apporté du dégât à la plage. Cette érosion nous a montré qu’il y a eu des habitations le long de la plage. Dans de nombreux endroits, il y a des taches visibles de charbon de bois et de cendres, et une bonne partie des roches ont éclaté au feu utilisé à la fois pour chauffer l’eau dans des sacs en cuir et pour cuire du poisson ou de la viande dans des trous servant de four. Ces camps n’ont pas été pas explorés ou datés, mais il est tout à fait clair qu’ils sont préhistoriques. Et même s’ils ont été sauvés, ils vont disparaître complètement dans peu d’années. Le changement climatique et l’élévation de la mer expliquent malheureusement partiellement ce phénomène.

Tout au sud de la baie, où le sentier change à la plage de galets, se trouve un groupe de monuments culturels qui sont beaucoup mieux préservés. Si vous vous arrêtez pour regarder vers le bas, vous pouvez voir un léger pli de terrain à la plage de galets. Ce sont des traces d’un lieu de débarquement des bateaux probablement pas utilisé pendant les 6-700 dernières années. Par conséquent, il est presque rempli de pierres apportées par la mer. De l’autre côté de la piste, vous pouvez voir encore un pli du terrain qui était à l’époque un hangar à bateaux. Si vous montez la colline herbeuse au-dessus du hangar, vous êtes au sommet d’une ferme. Ce sont les restes d’une résidence qui a été au même endroit pendant des centaines d’années. Sous l’herbe se trouvent les restes des maisons et les déchets des humains et des animaux d’au moins 500 ans d’habitation continue. Il est estimé que le charbon du bois d’ici date du mi-1300, ce qui veut dire en même temps que la peste noire. Le terme ferme est peut-être peu approprié pour cette colline parce que ce mot fait penser à une ferme ordinaire. Ceux qui vivaient ici se nourrissaient autant de ce que l’océan donnait, mais en plus ils avaient des vaches, des moutons et des chèvres, éventuellement un ou deux cochons aussi. La littérature historique décrit de tels ménages comme des paysan-pêcheurs ce qui est aussi trompeur parce que c’était normalement la femme qui était qui le fermier et l’homme qui était le pêcheur. « Une espace d’habitation » est un meilleur nom pour de tels monuments culturels. Cette colline est petite, seulement environ 40 m en coupe transversale, mais elle est bien conservée. Au printemps et au début de l’été, elle est particulièrement visible car ayant une végétation riche elle obtient une couleur verte longtemps avant le terrain tout autour. Cela est dû au fait que la colline a un bon sol nutritif d’un mètre de profondeur.

Au sud de la colline de l’espace d’habitation il y a des restes de trois maisons ovales. Il s’agit probablement des restes d’une habitation lapone, et il n’est pas possible de dire s’ils datent de la même période que l’autre espace. Au-dessus de ces restes, il y a une pente avec de gros rochers dégringolés de la montagne. Une de ces grosses pierres (environ 3 m de haut) coupée en deux est située à environ 100 m au sud de la colline. Les gens qui vivaient ici il y a des centaines d’années ne comprenaient pas la géologie quaternaire, et ce gros bloc de pierre a dû leur faire un peu peur en ressemblant à un être possédant des pouvoirs énormes. De tels blocs ont souvent été des lieux de sacrifice pour ceux qui voudraient être en bons termes avec les puissances violentes de la nature. Nous avons aucune preuve que ce bloc de pierre était un tel lieu de sacrifice, et on ne peut que dire que les gens ici avaient probablement un besoin particulier d’être en harmonie avec la nature.

Photo: Reidar Bertelsen, 2016.

Photo: Reidar Bertelsen, 2016.

Lorsque vous suivez le chemin de l’espace d’habitation vers « Vargnesset », vous arrivez au dernier patrimoine culturel que je vais mentionner. À la terrasse de la plage, à une distance d’environ 170 m du lieu de débarquement à l’extrémité sud de « Skipssanden », se trouvent les restes de deux longues maisons, environ 20 m de long et 5,4 m de large, un type de maison ordinaire dans le nord de la Norvège pendant l’âge de fer. Les maisons se chevauchant partiellement, elles n’ont peut-être pas été utilisées en même temps. La dernière doit avoir été construite lorsque la première s’est dégradée. Ceci est un bon exemple d’une colline d’habitation dans la phase de démarrage. Une chose remarquable est que la plus jeune maison est jointe à un hangar à bateau ayant un angle droit à la plage. Ici, il n’y a pas de trace claire d’un lieu de débarquement, mais il en a dû exister un. Le charbon de bois de la plus jeune maison date de l’âge viking. Juste au sud des maisons il y a une belle tombe et il y a des restes d’une tombe au sommet de la montagne au nord des maisons. En bas à la côte au sud des maisons, il y a une source d’eau ayant donné l’accès à l’eau douce toute l’année. Cette espace d’habitation a d’abord été décrite par un archéologue danois (Jørgen Slettebø), qui a travaillé pour le musée de Tromso en 1955, mais il y a beaucoup de professionnels qui l’ont étudié dans les années suivantes, car c’est un bon exemple qui montre comment était organisée la vie des paysan-pêcheurs à l’époque. Les maisons jointes et les hangars à bateaux sont néanmoins rares.

 

Ces monuments culturels sont faciles à négliger si l’on n’a pas les yeux ouverts. Si on a la chance de les voir, ils peuvent donner une forte expérience des conditions de vie des gens d’un passé lointain. Une fois que l’on a vu ces traces, le paysage passera de la nature sauvage au paysage culturel avec le témoignage de la richesse de cette nature pour celui qui a surmonté les problèmes des conditions difficiles de la pêche. La technologie était plus simple que celle que nous connaissons aujourd’hui et nous pouvons nous demander si nous serions capables de mener une vie dans de telles conditions.
Les souvenirs culturels sont exposés à l’usure, à la fois par la nature elle-même et par nous, les utilisateurs du terrain. Soyez prudent et évitez des dégâts ultérieurs qui sont d’ailleurs punissables par la loi sur le patrimoine culturel, mais restez quand même curieux quant aux traces des prédécesseurs de ces terrains.

Les souvenirs culturels de « Skipssanden » sont importants car ils nous donnent un aperçu plus profond d’un mode de vie qui nous est étrange même s’il y a une ligne claire à ce qui est la base de la communauté d’Øksnes d’aujourd’hui. Il y a beaucoup d’autres traces intéressantes ailleurs le long de « Dronningruta » des gens ayant mené leur vie ici. Ce sera pour une autre fois.

Photo: Halvard Kr. Toften

Photo: Halvard Kr. Toften

Un paysage changeant

Pendant la période 16000 à 6000 avant nos jours, la mer était au-dessous du niveau actuel de la mer. Environ 10 000 ans avant l’époque actuelle (quand les premiers habitants sont venus ici), le bord de la plage était plus de 20 m plus bas que celui d’aujourd’hui ce qui veut dire que la plupart des traces sont sous la mer. Pendant la période 6000 à 3000 avant l’époque actuelle, le niveau de la mer était plus élevé que le niveau actuel, jusqu’à 5m. Après cette période il a été assez similaire au niveau actuel. Maintenant la mer se lève de nouveau.